Rude Boy Train

KEITH & TEX – FREEDOM – LIQUIDATOR MUSIC

UN PEU D’HISTOIRE : Qui n’a jamais entendu le duo Keith & Tex et leur légendaire  « Stop That Train », titre réellement emblématique de l’histoire du reggae ?

De leurs véritables nom Keith Barrington Rowe et Phillip Texas Dixon, les deux accolytes se rencontrent par le biais d’un ami commun. Ils commencent à chanter en quintet aux coins des rues avec suffisamment de succès pour les pousser à chercher une place chez les producteurs locaux. Recalés chez Prince Buster, Coxsone ou Duke Reid, le groupe se sépare mais Keith et Tex persévèrent en duo. Ils auditionnent pour Derrick Harriott.

Sur la fin des années 60, Harriott leur offre quelques magnifiques succès, comme cette fameuse reprise façon rocksteady du ska « Stop That Train » des Spanishtonians, donc. On rajoutera à la listes des réussites de cette collaboration, «Tonight », forcément mais aussi « Goodbye Baby » ou « Hypnotics Eyes ».

Les deux comparses se séparent en 70, immigrants chacun vers d’autres cieux, les US pour Keith, le Canada pour Tex. Keith Rowe continue sa carrière solo, avec notamment des titres produits par Lee Perry, comme l’excellent « Groovy Situation ».

Le duo se réunit en 97 pour la sortie d’un nouvel album, « Back Together Again » et quelques concerts… la suite de l’histoire attendra 2013, pour l’album « Redux », une compilation de hits remasterisés, et une nouvelle tournée, cette fois ci mondiale.

En 2015, « Just Passing Through », un album avec de nouvelles compos bien foutues, obtient un beau succès critique, malgré une prod qu’on dira pas très roots, pour être gentils.

En 2017, il collaborent une première fois avec Roberto Sanchez, pour un retour vers un son plus en adéquation avec leurs racines avec «Same Old Stories », sorti chez Liquidator Music. Il s’agit en fait de versions du duo sur des compos qui serviront aussi à l’album « Good Previals » d’Alpheus.

Toujours sur le rythme une tournée, un album, les revoilà en Europe cette année pour une tournée qui s’achève en ce moment, fort bien accompagnés par les Steadytones et un tout nouveau LP nommé  « Freedom », encore une fois édité sur le meilleur label Espagnol du monde !

LE DISQUE : C’est toujours un ravissement de voir des vieilles gloires comme Keith & Tex ressortir de nouveaux albums aux productions vintage comme on aime ! Soyons clairs, à l’instar de leur précédent opus « Same Old Stories », et comme c’était le cas pour le tout récent album de Glen Ricks, Roberto Sanchez se contente de « recycler » ses dernières prods, notamment utilisées par Alpheus sur son dernier LP « The Victory ».

Une petite impression de déjà entendu, donc, mais qui s’efface bien vite, d’abord par la qualité de production de ces thèmes qui reste intacte, bijoux d’orchestration parfaitement arrangés à la sauce sixties, domaine dans lequel Roberto Sanchez est devenu un orfèvre.

Et puis il y a aussi et surtout la qualité des chansons que Keith & Tex viennent poser dessus… Et là, on est sur la crème de la crème!

En mode rocksteady, ça joue clairement sur du velours ! « Footprints , « Freedom » au texte puissant, « My Sweet Love » ou bien encore « Reggae On the Rocks » sont autant de pépites au doux goût sucré, sur lesquelles les deux chanteurs  font réellement des merveilles avec des harmonies vocales subtiles…

On a le droit aussi à notre salve d’early reggae en clair-obscur, belle marque de fabrique de la maison Sanchez : « How Much Longer », « The Race » ou « Fake News » où le duo démontre son talent pour développer des thèmes on ne peut plus actuels, toujours avec cette qualité d’arrangement vocaux assez formidables.

Le ska est loin d’être en reste, avec les explosifs « Who We Are » et « Hotel Corona », aux rythmiques cuivrées métronomiques et les plus cools mais tout aussi resplendissants « Jetsetter » et « Uptown Girl », parfaits dancefloor killers…

Comme un symbole, on n’oubliera pas de citer le monstreux rocksteady « We’re In This Together », aux cuivres merveilleusement soul, comme aux plus beaux jours de leur collaboration avec Derrick Harriott…

Keith & Tex sont donc toujours au sommet de leur art après plus de cinquante ans de carrière : non-contents d’une maîtrise de l’art du duo tout aussi épatante qu’aux premiers jours, il se payent le luxe de nous balancer des textes profonds et emprunts d’une modernité incroyable… Associés à ces compos de Roberto Sanchez superbement orchestrées, ils nous offrent sur un plateau un des plus beaux albums de l’année, et sûrement bien au-delà !

Bronsky

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