Rude Boy Train

THE FRIGHTNRS – ALWAYS – DAPTONE RECORDS

UN PEU D’HISTOIRE : On connait difficilement plus tragique que l’histoire des Frightnrs et de son leader Dan Klein… « Brukky » comme il se faisait appeler parfois, rencontre Chuck Patel, clavier de son état,  dans une soirée en 2010 et ça colle tout de suite entre les deux amoureux de musique Jamaïcaine… Rejoint par Preet, le frère de Chuck, à la basse et Rich Terrana à la batterie, ils fondent the Frightnrs… Ils jouent alors régulièrement dans les clubs de New York en sortent un premier EP en 2012 produit par l’incontournable local Jay Nugent.

Le groupe rencontre alors le producteur Victor Axelrod, avec lequel ils travaillent rapidement… Gabriel Roth, le boss de Daptone, avec qui Axelrod a déjà travaillé, tombe sur les premières maquettes de leur travail commun, est tout de suite emballé par le niveau du combo et les signe pour un premier 45t, la reprise d’ « I’d  Rather Go Blind » D’Etta James puis pour un premier album…

Ils rentrent rapidement en studio, mais pendant les premières sessions d’enregistrement, Dan Klein semble fatigué, puis amaigri… Il lui est diagnostiqué une maladie dégénérative qui ne l’empêchera pas d’aller vaillamment au bout du projet, malgré une évolution foudroyante… Lui qui n’aspirait qu’à aller défendre ces titres sur scène ne verra même pas l’album voir le jour,  décédant en  juin 2016, l’album n’étant édité qu’en Septembre.

Ce disque, la merveille nommé « Nothing More To Say », est un succès autant critique que public, formidable hommage aux racines de la musique Jamaïcaine et aux pionniers de la soul.

Si le groupe honore dans un premier temps sa promesse faite au chanteur de poursuivre l’aventure après son décès avec la formidable vidéo live « Holiday Bash » en Janvier 2017, sur laquelle Jonny Go Figure vient leur prêter plutôt joliment main forte en nous laissant plein d’espoir, on reste longuement et tristement sans nouvelle, si ce n’est cet album de versions alternatives et dubs nommé « More To Say Versions » en 2017.

Mais en ce début d’année, une lueur dans la nuit annonce une suite à ce formidable premier album ! Toujours assistés par Axelrod, le groupe reprend le boulot à partir des bandes vocales des sessions de « Nothing More To Say » restées inutilisées… « Always » sera le nom de ce second opus, sorti, toujours chez Daptone Records, déjà depuis le 27 Mai.

LE DISQUE : J’ai mis du temps à la pondre cette review, pas que l’émotion m’étouffait, même si elle est présente à chaque minute de l’album, mais plutôt par manque de temps et de mots justes…

Parce que ce « Always » posthume est un nouveau petit bijou ! Petit est malheureusement un adjectif à propos, car composé uniquement de dix titres dont deux versions dub !

On ne boudera pas pour autant notre plaisir de redécouvrir la voix extraordinaire de Dan Klein, qui, dès le morceau titre qui ouvre l’album, nous éblouit comme jamais… Parfaitement calé entre les racines soul et reggae du groupe, le titre est mixé par Ticklah façon hip-hop, basse et caisse claire saturées et implacables et breaks subtilement distillés.

« 30-56 » est beaucoup plus fidèle au son original du crew de Brooklyn, un reggae roots aux claviers magnifiquement arrangés et aux chœurs fabuleux… Sa version dub vient ici prolonger le plaisir.

La touche d’originalité vient des deux titres « You, Still » et « Why Does It Fell Like A Curse », deux reggae sous forte influence de «The Far East » le groupe de l’amie Maddie Ruthless, auquel Chuck et Rich participent parfois en studio ou en live,  avec cette rythmique early-digital si particulière, un style qui va encore une fois comme un gant à la voix évanescente de « Brukky », qui plane littéralement au-dessus des ces cascades de percus éléctro.

« Tuesday » est à mon sens la grosse perle du skeud, un hit instantané qu’on pourra écouter sans fin, tant la beauté des harmonies vocales posées sur cette superbe compo rocksteady est littéralement abyssale.

Le rocksteady qui suit, nommé « Maybe Isle » et son tempo ralenti à l’extrême est presque aussi fabuleux… Chaque instrument semble ici en apesanteur, offrant un écrin de première classe à la voix lascive de Dan Klein, ici en solo. Même recette gagnante sur « Expectations », quelques variations  de soul en plus.

Le reggae roots « Profilin » est lui mixé plus traditionnellement, beaucoup plus arrangé aussi avec percus et chœurs foisonnants pour une nouvelle régalade, encore suivi de sa rincette dub.

Courrez donc écouter ce formidable « Always » et profitez de l’émotion délicieuse que procure une nouvelle fois les compos superbes des Frightnrs associées à la voix d’ange, le terme n’aura jamais aussi bien été utilisé qu’ici, du regretté Dan Klein, qui va diablement nous manquer, même si elle reste gravée sur ces deux pépites d’albums… Pour l’éternité !

Bronsky

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *