WESTBOUND TRAIN – DEDICATION – AUTOPROD
UN PEU D’HISTOIRE : Westbound Train, c’est le groupe de Boston mené par la voix soulissime d’Obi Fernandez, un chanteur comme on en fait peu. Entouré par une floppée de pointures, ils enregistrent dès 2002 leur premier opus « Searching For A Melody » au Version City chez King Django. C’est directement une claque… Des compos géniales, une interprétation de haut niveau, le groupe se révèle excellent dans tous les domaines, du ska le plus trad aux reggaes beaucoup plus modernes, façon Californienne.
En 2005, ils sortent « Five To Two » chez Stomp Records et ça monte encore d’un cran… La voix d’Obi Fernandez progresse et la prod est bien plus assurée. Une impression de tout bon encore renforcé par deux featurings de classe sur trois hits : Alex Desert qui donne a « Soapbox » et « To Know » de faux airs d’Hepcat alors que les californiens sont en sommeil et King Django sur « Lyrics Architects » , une bombe early dancehall.
Le groupe devient un incontournable de la scène US, est embarqué sur le Warp Tour et signe chez Hellcat pour son troisième album « Transitions » qui sort en 2006… On croit alors la troupe au sommet tant tout est ici flamboyant : la voix d’Obi est majestueuse et les chœurs associés au diapason… Rich Graiko et Josh Cohen font des merveilles aux cuivres, Thad Merrit , Jesse Hayes et John De Carlo à la guitare assurent une rythmique vraiment propre au groupe, capable de varier entre swing 60’s, funky reggae, rocksteady soul ou roots, pendant que Gideon Blumenthal se révèle un clavier au talent assez diabolique, Corey Williams emballant le tout dans des arrangements de guitare, slide ou bluesy vraiment toujours impeccables.
« Come And Get It », sorti en 2009, viendra finir de faire de Westbound Train un des groupes majeurs de la décennie, avec tous les ingrédients de « Transitions », mais encore mieux ! Ca fourmille de partout, arrangements luxuriants, avec l’arrivée de cordes sur certains titres, production énorme et compos aux variations toujours originales, gavées d’influences soul, cet album est une pièce majeur du ska US des années 2000.
Malheureusement, la vie des uns et des autres fait alors quelque peu exploser le groupe… Obi Fernandez sort un album Solo, certains membres se regroupent régulièrement au sein des très bons Void Union, mais l’avenir semble très incertain…
Mais pendant le confinement, l’espoir renait sur les réseaux sociaux où l’on parle de compos, de nouveaux titres, voir de nouvel album… On croise même un ou deux sons sur des compilations caritatives, mais c’est maigre…
C’est donc à la surprise générale qu’est sorti début Octobre le tout nouveau « Dedication », pour l’instant malheureusement sans sortie physique annoncée, mais c’est non sans un plaisir certain qu’on vous en parle chez Rude Boy Train aujourd’hui !
LE DISQUE: Si l’adage « plus c’est long, plus c’est bon » se vérifie une bonne fois pour toute, ce sera bien pour l’attente de ce nouvel album des Westbound Train…
D’entrée, avec « Mercy, Wash Over Me », on a le droit à un reggae bien roots, cuivré à souhait, vraiment une signature du groupe… C’est lourd, c’est rond niveau rythmique, le duo sax/trompette est partout et les arpèges de guitare viennent sublimer la voix soul d’Obi Fernandez… tout en maitrise, le groupe nous balance sa première perle…
On l’a dit, Westbound Train, c’est aussi un des groupes les plus polyvalents qu’on connaisse. Pour preuve, « Rollout », le titre qui suit est un gros boogaloo bluesy absolument génial, au swing imposant et aux riffs de guitares saignants. C’est fun, c’est ébouriffant, impossible de ne pas battre la mesure sur ce hit en puissance, au refrain énormissime…
Derrière ça, back to basics, avec « The Landford », ska sixties tiré à quatre épingles sur lequel le sax de Luc Penella et la trompette de Rich Graiko vient allègrement batifoler… Je vous passe le couplet sur les harmonies vocales, toujours aussi somptueuses…
Un p’tit intermède reggae dub de type cool avec « Greed act1. » et v’la « Gunfight », une merveille de rocksteady limpide, denué de cuivre sans que ça ne le pénalise le moins du monde, imparable avec son piano entêtant et un petit solo de flûte pile-poli là où il faut, du grand art.
« Stranded » et son intro clinquante me rappelle pourquoi il y a plus de dix ans, je considérais les Westbound Train comme un des trois meilleurs groupes US avec les Slackers et Hepcat… Le rocksteady est majestueux, posé sur son skank d’Hammond formidable, les vents virevoltent et les voix font de véritables merveilles en mode soul, le petit Jésus en culotte de velours version musicale !
Retour de « Greed » en mode Act.2 mais aussi ensuite d’un gros reggae qui tue, à la rythmique abyssale et au chorus de cuivres encore nickel… les Bostoniens d’origine, nous la joue ombre et lumière avec un couplet en demi-teinte et une montée du feu de dieu sur les refrains pour un des plus beaux reggaes de l’année, toutes catégories confondues !
On n’en peut déjà plus, mais Westbound Train vient nous achever tranquillement avec un triptyque encore assez infernal avec « Hang My Head », un early-reggae a la cool, quasi-acoustique absolument splendide toute beauté, « Thad Don’t Take No Mess », un instru funky reggae absolument jouissif, et « Gutter » une bombe de ska 60’s foisonnant d’arrangements, entre guitares slide, breaks rythmiques, piano léger, le tout gavé des chœurs soul…
Comme à sa belle habitude, les groupe referme son ouvrage avec une perle de reggae acoustique aux harmonies gospel magnifiques, du genre dernier au revoir, même si on pourra difficilement ne pas appuyer sur la touche repeat instantanément…
Avec ce cinquième album après plus de dix ans de silence, la bande d’Obi Fernandez nous scotche littéralement dans notre fauteuil et reprennent clairement leur place sur le podium des meilleurs groupes en activité… Tout est somptueux sur ce « Dedication », des compos complexes, des harmonies vocales qui pointent vraiment vers l’excellence et une production parfaite… Je crois que j’ai encore usé mon dico de superlatifs sur ce coup-là, mais quand on aime, on ne compte pas !
Bronsky